Okimono japonais : sculptures raffinées et trésors cachés à redécouvrir

Publié le 13 août 2025 à 13:43

Plus grands que les netsuké, mais tout aussi minutieux, les okimono sont de véritables bijoux de sculpture japonaise. Produits entre le XVIIIe et le début du XXe siècle, ces objets décoratifs souvent méconnus représentent pourtant l’un des sommets du savoir-faire artisanal japonais.

Qu’ils soient en ivoire, en bois ou en bronze, les okimono racontent des scènes de la vie quotidienne, des légendes, des animaux ou des figures symboliques. Aujourd’hui encore, on peut en croiser en brocante, dans des ventes locales ou des successions, parfois mal identifiés… et souvent sous-estimés.

Pour les amateurs d’art asiatique, de miniatures sculptées ou de belles histoires en volume, le okimono est une belle surprise et un excellent investissement culturel.

Qu’est-ce qu’un okimono ?

Le mot okimono (置物) signifie littéralement "objet que l'on pose". Contrairement au netsuké, qui avait une fonction utilitaire (attache pour kimono), l’okimono est purement décoratif. Il était souvent posé dans l’espace tokonoma (alcôve traditionnelle japonaise) pour être contemplé et apprécié.

Plus grand qu’un netsuké (généralement entre 10 et 25 cm), l’okimono peut représenter :

  • Des personnages : samouraïs, sages, pêcheurs, enfants, artisans…

  • Des scènes de vie : jeux, récoltes, scènes comiques

  • Des animaux : dragons, singes, grues, éléphants, renards

  • Des figures religieuses ou folkloriques

Chaque pièce est sculptée avec une précision impressionnante, parfois en un seul bloc d’ivoire ou de bois précieux.

Un art exporté… et admiré en Europe

Avec l’ouverture du Japon à l’Occident au XIXe siècle, les okimono ont été massivement exportés, notamment vers la France et l’Angleterre, où ils ont séduit les amateurs d’art japonais.

Certains furent ramenés par des diplomates, marins ou voyageurs, d'autres achetés dans les expositions universelles ou les galeries japonisantes.

Claude Monet, collectionneur passionné de l’art japonais, possédait plusieurs objets sculptés de ce type dans sa maison de Giverny. Comme les estampes et les netsuké, les okimono ont influencé toute une génération d’artistes et de collectionneurs européens.

Comment reconnaître un véritable okimono ?

Voici quelques éléments à observer pour identifier un okimono authentique :

  • La taille : souvent entre 10 et 25 cm, bien plus grand qu’un netsuké

  • La matière : ivoire ancien (jauni naturellement), bois sculpté, parfois os ou bronze

  • Le niveau de détail : plis des vêtements, expressions du visage, textures animales

  • La signature : souvent gravée à la base ou à l’arrière, en kanji

  • La base plane : un okimono est conçu pour être posé et stable

  • La finesse du geste : plus l'objet est expressif et fluide, plus il est intéressant

Attention aux copies modernes : elles sont parfois brillantes, mal proportionnées ou trop "lisses". Les vrais okimono portent la trace du temps, une patine douce, et parfois de l'usure discrète aux endroits manipulés.

Où chiner un okimono aujourd’hui ?

On en trouve encore régulièrement, parfois sans qu’ils soient reconnus pour ce qu’ils sont :

  • Dans des brocantes ou vide-maisons, surtout chez des héritiers de collectionneurs

  • En ventes aux enchères régionales, où ils peuvent être catalogués à tort comme "statuette asiatique"

  • Chez certains antiquaires spécialisés ou dans de vieux stocks de galeries

  • Parfois en ligne, mal décrits, avec peu de photos mais à des prix très accessibles

Beaucoup d’okimono ont été ramenés en France au XIXe siècle. Il est donc encore possible de tomber sur de belles pièces anciennes, que ce soit en ivoire, en bois précieux ou même en laque.

Pourquoi collectionner les okimono ?

Le okimono, c’est :

  • Une œuvre d’art miniature, finement exécutée à la main

  • Un objet décoratif chargé de sens, porteur d’une scène ou d’un symbole

  • Un reflet de la société japonaise ancienne, à travers ses métiers, ses animaux, ses croyances

  • Une pièce à la fois discrète et expressive, qui attire l’œil par sa finesse

Collectionner les okimono, c’est aussi préserver un artisanat disparu : les maîtres sculpteurs capables d’un tel niveau de détail sont rares aujourd’hui.

C’est enfin un bel investissement culturel, car chaque pièce, même modeste, raconte une histoire et incarne un moment de transmission entre l’art et le quotidien.

En conclusion

Les okimono japonais sont des trésors d’inventivité et de précision, souvent négligés mais profondément fascinants. À mi-chemin entre la sculpture, la scène de genre et le symbole, ils trouvent naturellement leur place dans toute collection d’art asiatique ou cabinet de curiosités.

Que tu sois amateur de chine, passionné par le Japon ou simplement curieux de découvrir un objet plein de poésie, le okimono est une belle rencontre. Et parfois, il suffit d’un regard attentif dans une vitrine de brocante pour tomber sur une pièce d’exception.

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