Cartes géographiques anciennes : objets de collection, de mémoire… et parfois de preuve historique

Les cartes géographiques anciennes sont bien plus que de belles illustrations à accrocher au mur. Ce sont des témoins précieux de l’histoire des territoires, des mentalités et des connaissances d’une époque. Elles intéressent aujourd’hui autant les collectionneurs, les géographes, les historiens… que certains États, qui s’en servent parfois comme preuves de souveraineté ou de délimitation cadastrale.

Souvent oubliées dans des greniers ou glissées entre deux livres, les cartes anciennes peuvent encore se trouver en brocante, dans des ventes de succession ou chez des particuliers, et représenter de belles découvertes.

Certaines cartes anciennes ont servi à appuyer des revendications territoriales dans des dossiers frontaliers ou lors de litiges internationaux. Elles sont parfois les seuls documents encore disponibles montrant l'organisation administrative ou foncière d'une époque donnée. D’où leur valeur documentaire, au-delà de l’aspect esthétique ou décoratif.

On distingue plusieurs types de cartes anciennes : cartes marines, cartes topographiques, plans cadastraux, cartes de navigation, cartes scolaires, cartes d’atlas, et même cartes publicitaires ou politiques. Chacune a ses particularités et peut susciter l’intérêt selon le thème, la période ou le territoire représenté.

Les cartes du XVIIIe et XIXe siècles sont particulièrement recherchées, notamment celles gravées à la main, parfois colorées au pinceau, avec des encadrements élégants ou des titres illustrés. Les cartes de géographes célèbres comme Guillaume Delisle, Sanson, Ortelius, Blaeu ou Cassini sont très prisées. Les cartes signées, datées ou accompagnées de légendes manuscrites ajoutent à leur intérêt.

Mais attention : il ne suffit pas qu’une carte soit vieille pour avoir de la valeur. Plusieurs critères doivent être observés. L’état général est essentiel : plis propres, papier non fragilisé, absence de taches ou de déchirures importantes. La rareté joue également, tout comme l’intérêt du sujet : certaines zones géographiques, peu représentées à l’époque, attirent davantage les chercheurs et les collectionneurs. Les cartes d’anciennes colonies, les cartes de régions disparues ou redessinées, ou les plans de villes sont très suivies.

Il existe aussi de nombreux plans cadastraux manuscrits, souvent réalisés au niveau communal, qui témoignent de la répartition des terres, des chemins, des rivières. Ces documents attirent les historiens locaux, mais aussi les amateurs de généalogie ou de patrimoine rural.

On peut encore trouver des cartes anciennes dans :

• Des cadres accrochés au mur dans des maisons de famille.

• Des cartons de vieux papiers en brocante ou vide-greniers.

• Des lots d’archives vendus en bloc dans des ventes aux enchères locales.

• Des anciens atlas scolaires ou géographiques, parfois très bien conservés.

Pour les reconnaître, vérifie :

• Le type de papier : ancien, vergé, parfois filigrané.

• Les techniques d'impression : gravure sur cuivre, lithographie, impression typographique.

• La présence de pliages anciens, de timbres secs, ou de cartouches signés.

• Les marques d’éditeur : noms d’imprimeurs ou cartographes réputés.

Certaines cartes de géographie scolaire de la IIIe République sont aussi très recherchées, surtout celles de Paul Vidal de la Blache, ou celles utilisées dans les classes coloniales. Même si elles sont plus récentes, elles font partie de l’imaginaire collectif et de la mémoire visuelle d’une époque.

Enfin, la carte ancienne est un objet qui plaît autant aux passionnés d’histoire qu’aux amateurs de décoration. Encadrée dans un bureau, une bibliothèque ou un salon, elle raconte une époque, une vision du monde. Elle allie beauté graphique et profondeur historique.

Et parfois, en retournant un vieux cadre ou en fouillant dans une malle oubliée, on peut tomber sur une carte unique, chargée de mémoire et de valeur documentaire.